mardi 30 octobre 2007

Santa Barbara!

Il est 23h30, je suis au "Sunset Motel", au nord de la ville. Je viens de faire un tour dans le centre, j’ai bu une bière au "James Joyce Cafe", un pub sur la rue principale, "State Street". Le parquet du bar était couvert de sciure de bois, comme si on était dans un saloon en plein farwest, donnant sur une rue en terre battue, alors que State Street est une grande avenue bordée de palmiers et de belles bâtisses dont les façades sont en stuc, à la mexicaine. Il y avait un Karaoké dans ce bar, c’était vraiment drôle.
Ça m’amuse beaucoup d’être ici à Santa Barbara. Quand j’étais au collège, alors que nous avions pour la première fois la télé à la maison — une petite télé donnée par ma grand-mère anglaise, sur laquelle on changeait de chaînes avec un unique bouton, comme sur une radio — je suivais assidûment la série «Santa Barbara», et je crois que les aventures de Kelly et Joe furent l’occasion de mes premiers émois de romance télévisuelle. Depuis que je suis arrivé, le générique de la série ne me quitte pas, je m'en souviens encore très bien.

Je suis donc content d’avoir quitté San Francisco, où je commençais à tourner un peu en rond, pour continuer ce voyage en Amérique. Aujourd’hui ce n’est plus une traversée au premier sens du terme, celle-ci s’est achevée lorsque je suis arrivé sur la côte pacifique, mais c’est bien la suite d’une autre traversée, plus symbolique; c'est la traversée de lieux et d’images mythiques, la traversée de cet ailleurs, dont je parlais avant de partir, où finalement tout n’est pas possible. C’est sans doute la traversée d’un fantasme, et alors que je m’apprête à gagner Hollywood et peut-être Las Vegas, je veux aller au bout de cela aussi.

Hier je suis resté comme prévu avec Brian et Jean, un couple anglais qui sont des amis de mon père depuis plus de 40 ans. Brian était à l’école avec mon père. Ils passèrent du temps ensemble à Londres dans les années 60. Brian et Jean vivent depuis plus de 25 ans en Californie, Jean est créatrice de costumes pour le théâtre et l’opéra. Ils ont énormément voyagé dans leur vie et c’était vraiment bien de les rencontrer.
Ils m’ont notamment raconté l’histoire incroyable de l’adoption de leur fille, née à Bogota. Nous sommes en juillet 1981, à ce moment-là ils vivent encore en Angleterre. Alors que Brian travaille en Utah et que Jean prépare un spectacle à Amsterdam, ils reçoivent ce coup de fil leur annonçant qu’ils peuvent se rendre en Colombie pour récupérer une petite fille. Ils se rejoignent à Bogota. Au cours de leur retour vers Londres, le hasard des correspondances les mène dans un aéroport à Paris. Dans leur dernier avion vers Londres, ils manquent de place avec le couffin et le bébé. Une personne propose un échange de sièges, c’est Giscard d’Estaing, en partance pour le mariage de Charles et Diana!
C’est leur fille adoptive, Alexandra, qui va m’accueillir et m’héberger à Los Angeles.

Aujourd’hui j’ai fait encore près de 500 km. Je suis passé par la "Silicon Valley". Sur la côte je me suis arrêté à Monterrey et Carmel, c’était très beau, malgré le mauvais temps. J'ai traversée aussi des kilomètres et des kilomètres de champs de fraises, de salades, d'asperges etc, où la main d'œuvre était exclusivement sud américaine; ça m'a rappelé Murcia en Espagne, un des potagers de l'Europe, où j'ai eu l'occasion de passer pour un documentaire.
Demain soir je serai à Los Angeles, c’est à deux heures d’ici, ce sera la 23ème étape de mon voyage !

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